Toutes les piscines publiques et privées à usage collectif sont désormais soumises à une nouvelle réglementation sanitaire. Depuis le 1er janvier 2022, les piscines publiques mais également tout particulier propriétaire d’une piscine, spa ou encore bassin de soin type balnéothérapie ouverts au public se doivent d’être très rigoureux quant à l’entretien de leur eau. Déjà soumise au contrôle sanitaire réalisé par l’Agence Régionale de la Santé (ARS), l’eau des bassins est désormais plus analysée et contrôlée qu’auparavant. La réglementation applicable aux piscines et bassins accessibles au public a évolué. Dans ce cadre, des journées techniques de formation sont organisées par l’ARS, en partenariat avec l’Unité de Formation des Apprentis des Métiers de la Piscine de La Vôge-les-Bains.
Par Clémentine Voinchet
La nouvelle réglementation qui s'applique aux eaux de piscines est parue au Journal Officiel de la République Française, le 27 mai 2021. Elle comprend un décret relatif à la sécurité sanitaire des eaux de piscines et quatre arrêtés à mettre en application. Cette nouvelle réglementation apporte de nouvelles évolutions par rapport à la précédente, qui avait déjà une quarantaine d'années.
Nicolas Reynaud, Responsable du pôle qualité sanitaire des eaux de l'ARS Grand-Est, explique : « Tout ne change pas avec cette nouvelle réglementation. Néanmoins, c'est une bonne chose pour les piscines ouvertes au public, l'ancienne réglementation datait de 1981 ! »
Les cinq principaux points apportés par la réglementation des eaux de piscines :
- L'ensemble des piscines, des activités, des situations ou des opérations concernés par ces nouvelles règles sont déterminées, les limites de leur application sont fixées.
- Les piscines sont désormais soumises à une nouvelle classification, selon la nature de l'établissement et sa fréquentation maximale théorique.
- La fréquence des prélèvements et des analyses de l'eau des bassins s'adapte au type d'établissement. Dans le cadre du contrôle sanitaire, il faut scrupuleusement respecter cette règle.
- De nouveaux paramètres de qualité des eaux de piscines sont instaurés.
- Il est obligatoire d'élaborer de nouvelles procédures (nettoyage, désinfection de l'eau) ainsi que des protocoles sanitaires (qualité de l'air et de l'eau)
La journée de formation organisée par l'ARS Grand-Est, en collaboration avec le GRETA Lorraine-Sud ainsi que l'UFA de La-Vôge-les-Bains a été créée à destination des responsables de piscines. L'objectif est de permettre aux professionnels, propriétaires de bassins ouverts au public, de synthétiser au maximum les principales nouveautés introduites par cette nouvelle réglementation. Il s'agit d'en faciliter la compréhension et la mise en œuvre. Michel Baumgartner, du Camping-Club du Soleil à Ensisheim, participe à la formation. Cet ancien cadre dans le secteur de la jeunesse et des sports considère que cette nouvelle réglementation « se durcit, mais est nécessaire ». Il ajoute : « Il en va de la sécurité des baigneurs ! Cette nouvelle réglementation peut paraître contraignante mais elle est essentielle ».
Déroulé de la journée de formation « Hygiène et qualité des eaux des piscines accessibles au public »
Piscine municipale de Cernay, 9h, lundi 30 mai 2022. Un groupe de dix-sept personnes est rassemblé dans la salle de pause de la piscine, pour commencer la journée de formation par un bon croissant et un petit café. Ils échangent quelques mots, se présentent, s’intéressent à la profession des uns et des autres. Cyrille Didier et Brahim Rouaiguia, formateurs des métiers de la piscine de l’Unité de Formation des Apprentis (UFA) au Lycée Le Chesnois de la Vôge-les-Bains, les accueillent avec le sourire. Ils ont fait la route depuis les Vosges pour leur présenter les nouvelles normes sanitaires à respecter depuis le 1er janvier 2022. Ils sont accompagnés d’Anne-Rose Morin, technicienne sanitaire de l’Agence Régionale de la Santé (ARS) du Grand-Est :
« L’idée de cette formation “ Hygiène et qualité des eaux des piscines accessibles au public ” émane de l’ARS » explique-t-elle, « le but est d’accompagner les exploitants de nouveaux établissements, qui possèdent des bassins, dans leur démarche de contrôle sanitaire des eaux ».
L’ARS a fait appel aux formateurs de l’UFA de La-Vôge-les-Bains, pour permettre aux piscines publiques ainsi qu’aux particuliers qui possèdent des bassins ouverts au public, de suivre une journée technique de formation. Le but de la journée « Hygiène et qualité des eaux des piscines accessibles au public » est de sensibiliser les participants aux nouvelles normes sanitaires et de les aider à développer leurs compétences techniques dans le suivi de la qualité de leurs eaux. Les 17 personnes venues à la formation ont toutes pu poser leurs questions à Anne-Rose Morin de l’ARS du Grand-Est, ainsi qu’aux deux professionnels de formation des Métiers de la Piscine, Cyrille Didier et Brahim Rouaiguia.
Première partie de formation : sensibilisation aux nouvelles normes sanitaires auxquelles le technicien pisciniste doit se conformer
La matinée de formation est réservée à la partie théorique. Le groupe de participants, attablé dans une salle de réunion mise à disposition par la Piscine municipale de Cernay, écoute les formateurs avec attention. « A l’issue de cette journée, nous pourrions presque dire que vous êtes devenus techniciens piscinistes ! », déclare Brahim Rouaiguia à l’assemblée. Le spécialiste du domaine de la chimie et du traitement de l’eau tient à ce que tout le monde ait bien compris ses explications, il simplifie au maximum ses propos, revient plusieurs fois sur certaines notions techniques s’il lit le doute dans les yeux de certains. A ses côtés, Cyrille Didier complète ses dires, ajoute son point de vue technique et pose régulièrement des questions à l’assistance, pour comprendre les situations de chacun et leur apporter les éclaircissements nécessaires.
Le début de la formation démarre par un tour de table. Un à un, les professionnels de l’hôtellerie, du monde médical, de l’hébergement touristique (campings..) ou du bien-être doivent pouvoir dire à quelle « catégorie » ils appartiennent. « Il existe trois catégories distinctes, selon le nombre de baigneurs que vous accueillez par bassin ainsi que le type d'activité qui y est exercé », explique le binôme de formateurs. D’après la classification en vigueur, le propriétaire d’une piscine ou bassin ouvert au public appartient aux catégories suivantes :
- Catégorie A : 150 personnes ou plus s’y baignent en un jour.
- Catégorie B : Entre 16 et 150 personnes se baignent au fil de la journée.
- Catégorie C : Il y a entre 0 à 15 baigneurs par jour.
Ce petit tour de table permet aux uns et aux autres de découvrir la catégorie à laquelle ils appartiennent et de pouvoir identifier en conséquence les gestes et contrôles de l’eau à effectuer. Première surprise des formateurs, la grande majorité des participants ne connaît pas précisément le nombre de clients qui se baignent à la journée. « Cela dépend de tellement de facteurs ! » s’exclame un responsable de l’hôtellerie, « Il faut prendre en compte la saison, le jour de la semaine, la conjoncture économique…», ajoute-t-il.
« Je comprends bien, mais c’est indispensable de connaître le nombre de baigneurs à la journée pour pouvoir traiter l’eau en conséquence ! » répond Cyrille Didier. « Il faut bien que vous preniez conscience de l’utilité d’installer un tourniquet par exemple, ou n’importe quel système, comme un capteur, qui vous permettra de contrôler le passage des clients », précise le formateur avisé.
Exercice de questions-réponses entre formateurs et futurs « techniciens piscinistes »
La matinée est riche en informations. Chaque personne a reçu un livret qui relate toutes les nouvelles normes sanitaires à respecter depuis le 1er janvier 2022. De temps à autre, Madame Morin, de l’ARS, apporte des précisions aux uns et aux autres. Adapter son établissement à la nouvelle réglementation applicable aux piscines et bassins accessibles au public n’est pas toujours simple. Il faut s'assurer de la conformité du matériel technique présent dans le bassin et effectuer avec rigueur le contrôle sanitaire de l'eau. « Cela représente un certain coût », déplore Jacques, employé de l'Aparthotel Adagio de Saint-Louis. Le petit groupe acquiesce en silence.
« Je suis bien conscient de cela », répond Cyrille Didier, « nous sommes ici non pas pour vous dire “ ce que tu fais n’est pas bien “, mais vraiment pour vous expliquer le pourquoi du comment traiter votre eau et bien vous expliquer l’impact que peut avoir un mauvais traitement, que ce soit au niveau de vos bassins ou pour les personnes qui les fréquentent. », conclut-il.
Le climat de la salle est détendu. Tour à tour, les « apprentis techniciens piscinistes » prennent la parole, posent leurs questions et très rapidement, tout le monde se tutoie. Chacun est attentif aux explications de Cyrille et Brahim, leurs formateurs pour la journée. La précision de leurs explications leur permet de « comprendre le pourquoi du comment », explique un technicien de Spa, qui exerce au Domaine du Hirtz, à Wattwiller. « Je connaissais déjà les nouvelles normes à appliquer depuis janvier 2022 », précise-t-il « néanmoins, à présent, et grâce à l’après-midi passée à suivre Cyrille et Brahim dans les différents ateliers pratiques, je comprends maintenant le “ pourquoi du comment” ». Contacté peu après la formation, ce technicien passionné par son métier ajoute qu’il aurait « volontiers passé une demi-journée de plus de formation », afin d’avoir « un plus long aperçu de la partie pratique de la formation et l’occasion de s’exercer davantage ».
Mise en pratique de la formation, dans le local technique et au bord du bassin
Après une pause déjeuner conviviale entre futurs « techniciens piscinistes », le groupe se retrouve pour passer à l’aspect mise en pratique de la formation. Les 17 personnes se séparent en deux groupes, l’un suit Cyrille Didier en direction du local technique de la Piscine municipale de Cernay, tandis que l’autre se dirige au bord du bassin, accompagné de Brahim Rouaiguia. Le groupe de Cyrille découvre, épaté, le tout nouveau local technique de la piscine municipale. Gisèle Laucher, responsable des équipements sportifs des piscines municipales de Thann et Cernay assiste elle aussi à la formation, et présente le lieu aux autres participants, accompagnée du technicien piscine. « Ce que vous voyez ici doit vous changer de chez vous ! », lance Cyrille Didier, amusé. « Il s’agit de tous nouveaux équipements, du dernier cri », ajoute-t-il. Le groupe déambule dans cet immense local technique et observe les pompes de piscine et les différents équipements des lieux tout en écoutant leur formateur. La partie théorique de la matinée devient concrète, Cyrille Didier peut à présent former son groupe d’une autre manière, plus « terre-à-terre ».
Du côté du groupe de Brahim Rouaiguia, autre ambiance. Les participants à la journée technique « Hygiène et qualité des eaux des piscines accessibles au public » ont tous chaussé des surchaussures en plastique bleu, afin de ne pas contaminer le sol de la piscine. Quelques baigneurs enchaînent les longueurs, sous l'œil attentif d’une maître-nageuse. Un petit groupe s’active pour le cours d’aquagym, en suivant scrupuleusement les mouvements du maître nageur placé devant eux. C’est au bord du bassin de 25 mètres de long que les apprentis techniciens piscinistes vont mettre en pratique les enseignements de Brahim. Celui-ci tient à vérifier que ses élèves du jour ont bien compris comment utiliser correctement un photomètre, l’appareil qui permet de réaliser des analyses de l’eau, qu'ils puissent reporter les résultats obtenus dans leur carnet sanitaire et interpréter les résultats. Après une démonstration, il demande au groupe de former des binômes et les invite à effectuer leurs propres analyses. Précautionneux, les participants s'exécutent. « Ce n’est pas aussi facile qu’on le croit » témoigne une jeune Kinésithérapeute exerçant à Bergheim.
« Tout ce qu’on apprend ici est toujours bon à prendre. Je sais maintenant pourquoi je dois effectuer mes relevés réguliers de chlore, de PH, et je ne fais pas juste ces gestes machinalement sans comprendre pourquoi c'est nécessaire ! » précise la jeune femme, ravie de participer à la formation.
Les binômes prennent des allures d’apprentis chimistes, munis des fioles qu’ils remplissent d’eau de piscine et effectuant leurs analyses. « Il faut maîtriser un certain nombre de compétences pour correctement analyser l'échantillon d'eau du bassin », explique Brahim Rouaiguia. « L’eau ne se prélève pas à la surface de la piscine, on plonge bien le bras en profondeur, et il faut prélever l'au au niveau du milieu de la longueur du bassin. » Certains participants à la formation n’en avaient jusqu’alors aucune idée.
Bilan très positif
De retour de leurs ateliers pratiques, le groupe se retrouve à nouveau au complet. Des sourires sont échangés, des anecdotes racontées. Certains se charrient d’avoir vu leurs « collègues d’un jour » obtenir de mauvais résultats lors de l’exercice de l’analyse de l’eau « On était clairement la meilleure équipe ! » plaisante Michel Baumgartner, du « Camping Club du Soleil » à Ensisheim. « Cette journée était très enrichissante, c’est toujours bon d’avoir une petite piqûre de rappel de temps en temps et de pouvoir entendre des experts du monde de la piscine », explique t-il, ravi.
Réunis autour de la table de réunion pour la dernière fois de la journée, le petit groupe débriefe avec les formateurs. Cyrille Didier passe leur distribuer une clé USB, qui comporte toutes les informations qui leurs seront utiles pour bien mémoriser les informations apprises au fil de la journée. « Nous espérons vous avoir aidés au mieux » conclut-il, dans un sourire. Brahim Rouaiguia et Cyrille Didier n’ont pas fini leurs tournées de formation, l’ARS les a sollicités pour plusieurs dates au courant de l’été.