En période de sécheresse, la piscine est souvent pointée du doigt dans les médias comme étant très consommatrice d’eau. Avec les nombreux arrêtés sécheresses, cela a pour effet d’inquiéter les Français et les freiner dans leur projet de construction de piscine. Même si la piscine ne représente que 0.12% de la consommation d’eau nationale, les professionnels du secteur s’inquiètent. Guide Piscine a interrogé des piscinistes pour savoir comment ils s'organisent durant cette période.
© CanvaUne situation inégale sur le territoire français
Alors que dans des régions telles que le Jura ou le Doubs, aucune restriction n’a encore été déclarée pour cet été, dans le Var, certaines zones urbaines vont jusqu’à interdire la construction de piscine et de maison pour les 5 prochaines années.
“Nous avons la chance d’avoir des chantiers dans toute la France. Mais les professionnels qui travaillent uniquement dans le Var vont avoir des difficultés liées aux interdictions de construire durant les 5 prochaines années.” - Gérard GAY, concepteur de piscines lagon.
Sébastien GIRARD, directeur délégué des formations aux métiers de la piscine à l’UFA de Grasse nous le disait déjà il y a quelques mois : “Dans notre région des Alpes-Maritimes, nous avons très peu de pluie et de plus en plus de mairies et d'urbanisme refusent les permis de construire.”
Un mode de consommation qui change
Mais même dans des régions peu impactées par les restrictions, les consommateurs s’inquiètent et les appels se font plus rares. D’autant que les restrictions d’eau ne sont pas les seuls freins pour l’acquisition d’une piscine. Les modes de consommation changent et les particuliers se soucient davantage des enjeux écologiques.
“On essaie de sensibiliser au maximum aux économies d’eau, d’électricité mais également au recyclage des déchets.” - David HERNIOTE, formateur à la MFU de Rennes
Les professionnels de la piscine tiennent de plus en plus un rôle de conseil pour les particuliers. D’une part ils rassurent et déculpabilisent les consommateurs souhaitant acquérir une piscine qui ont été freinés par la communication actuelle. Mais les piscinistes travaillent également à sensibiliser les particuliers sur les bonnes pratiques à mettre en place pour réduire la consommation d’eau.
Une réorganisation du métier de pisciniste
Les professionnels ont parfois dû adapter leur planning en démarrant les chantiers plus tôt. Ainsi, les chantiers commencent en début d’année pour que le remplissage de la piscine se fasse avant le mois de mars. Cette solution permet de parer aux problèmes de restriction d’eau qui apparaissent de plus tôt et durent toute la saison estivale.
“On va essayer de remplir le bassin en périodes hivernales pour essayer de ne pas avoir à piocher dans les ressources en plein été, quand il en manque déjà pour la nature.” - Grégory FENOUILLET, co-dirigeant de Nature Piscine.
Les mini-piscines et spa de nage sont une bonne alternative. Ils offrent un espace de baignade restreint mais moins énergivore. Comme ils sont également moins gourmands en eau et en surface, ils ne nécessitent pas de permis de construire et peuvent donc être rempli sans difficultés. D’ailleurs, au CFA Léon Chiris “on s’intéresse à l'installation de spas, de spas de nage, et de piscines sans permis.”, comme nous le disait Sébastien GIRARD, directeur délégué de l’établissement.
Des solutions éco-responsables qui se déploient
Les marques et fabricants de la piscine ont fait d’énorme progrès en recherche et développement pour axer leurs produits davantage sur l’éco-responsabilité. Les produits sont moins énergivores et on a de plus en plus de photovoltaïque.
Les centres de formation aux métiers de la piscine aussi doivent s’adapter et proposer des solutions. À la MFU de Rennes, les formateurs sensibilisent les élèves à l’optimisation de la consommation d’eau. Ils cherchent également à se concentrer sur l’installation de filtres à cartouche plutôt que de filtres à sable.
Les piscinistes adaptent leur pratique et leurs outils afin d’optimiser le traitement et la consommation d’eau, grâce notamment à la domotique. Ces solutions visent à “automatiser les traitements et régulariser la consommation d'eau sur la piscine” comme nous l’expliquait Sylvain LAMY, pisciniste et Meilleur Apprenti de France.
