Avec les épisodes de sécheresse qui touchent de plus en plus souvent le territoire, les piscines sont souvent pointées du doigt comme symbole du manque de sobriété de notre utilisation de l’eau potable. La question revient régulièrement au cœur des débats : faut-il interdire la construction ou le remplissage des piscines privées ?
© Sergi Kabrera - UnsplashRefus des permis de construire piscine : une décision radicale, pour diverses raisons
Plusieurs communes du Var ont ainsi pris la décision de refuser tout nouveau permis de construire pour une durée de 5 ans. Une décision radicale, face à la sécheresse importante qui touche une bonne partie du territoire français. Raison invoquée ? Les nappes phréatiques ne disposeraient pas de suffisamment de ressources en eau pour alimenter de nouvelles habitations.
Plus récemment, c’est la commune d’Elne (66) qui a décidé jusqu’au 30 avril au moins de refuser toute nouvelle demande de construction de piscine, chantier de puits ou de forage domestique. Pour le maire de la commune, les chantiers de forage présentent en effet « un risque de contamination des nappes », et les piscines « un épuisement très rapide des nappes quaternaires ».
On peut toutefois s’interroger sur la légalité d’une telle décision. La réponse se trouve dans le Code de l’Urbanisme : l’article R111-2 précise en effet que les permis de construire « peuvent être refusés […] si les constructions […] sont de nature à porter atteinte à la salubrité ou à la sécurité publique ». Les difficultés de raccordement ou d’approvisionnement en eau potable peuvent ainsi être suffisantes pour justifier le refus.
Piscines en période de sécheresse : un impact à relativiser
A ces questionnements qui reviennent de plus en plus régulièrement, les professionnels de la piscine et la FPP relativisent l’impact de la piscine sur notre consommation d’eau : les piscines privées ne représentent en effet que 0,12% de la consommation d’eau totale en France.
Selon la FPP, l’enjeu se situe ailleurs : plutôt que d’interdire les piscines, il est nécessaire d’orienter vers une utilisation plus responsable de l’eau.
Contrairement à la croyance populaire, il est en effet inutile de vidanger sa piscine chaque année. Dans son guide d’utilisation de la piscine, la FPP précise que « la vidange d’une piscine est très rarement nécessaire. […] Seules quelques rares circonstances (pollution grave et accidentelle, rénovation) nécessitent une vidange complète ». Par ailleurs, la piscine peut dans certains cas très spécifiques, constituer une réserve d’eau utile, par exemple en cas d’incendie.
La FPP conseille ainsi d’adopter quelques bons réflexes pour préserver la ressource en eau : équiper sa piscine d’une couverture pour limiter l’évaporation, privilégier pour un hivernage actif afin de ne pas interrompre la circulation de l’eau en diminuant son niveau, …
A noter : il est possible de remplir sa piscine grâce à de l’eau de pluie. Il est cependant nécessaire de bien traiter l’eau afin d’éviter la prolifération des algues due à l’acidité de l’eau de pluie.
Une chose est sûre, il faudra repenser notre gestion des ressources en eau. Un travail sur le long terme qu’il devient de plus en plus urgent de mener, et les pistes sont nombreuses. On peut notamment citer le recyclage de l’eau, par exemple pour les WC, qui utilisent encore aujourd’hui de l’eau potable. Une solution possible ? Recycler l’eau de la douche pour alimenter la chasse d’eau (un usage déjà très répandu au Japon, par exemple).
Par ailleurs, l’état des canalisations du réseau d’eau national est aujourd’hui responsable de la fuite d’un milliard de mètres cubes d’eau potable chaque année, soit un litre d’eau sur 5 perdu avant d’atteindre nos robinets. Renouveler l’intégralité du réseau apparaît aujourd’hui comme une solution illusoire : selon la FNCCR, il s’agit plutôt de « continuer à renouveler les canalisations de manière intelligente et rationnelle ».
